mercredi 23 septembre 2015

Silver, Tome 1

Auteur : Kerstin Gier

Sortie : 2015

Note : 4/5



Résumé :  QUAND LE RÊVE SE MÊLE À LA RÉALITÉ...

   Un 31 octobre, près de Londres.
Grayson fête Halloween avec quatre de ses amis. Par ennui, par jeu, par défi, ils invoquent un démon… sans avoir idée des conséquences.
   Un matin de septembre, aéroport d’Heathrow.
   Liv, 15 ans, et sa soeur Mia débarquent de Suisse pour s’installer avec leur mère chez le nouveau compagnon de celle-ci. Grayson est son fils. Très vite, Liv comprend que le jeune homme cache un secret.
   Un secret qui dépasse tout ce qu’elle imaginait. 



Mon avis : Nous voilà réunis après une petite pause dans les chroniques pour un nouveau partage autour d'un nouveau livre ! Honnêtement, j'ai choisis de lire ce livre parce qu'il me faisait de l'oeil. De plus, il est du même auteur que La Trilogie des Gemmes que j'avais beaucoup apprécié. Pour la deuxième fois, l'auteure allemande ne me déçoit pas !
   Si dans sa première série Gier explorait les tréfonds et les confins du temps et les voyages temporels, elle s'intéresse ici aux rêves, un sujet tout aussi complexe et entouré d'un voile de mystères. Vous l'aurez compris, suivre cette nouvelle trilogie ne sera pas tâche aisée, l'auteure ayant conservé son habitude de livrer les réponses par petites miettes, jusqu'à la toute fin du livre.

    Bien sûr, pour commenter ce premier tome fantastique, je vais devoir vous révéler deux ou trois trucs que vous découvrez au fil de l'histoire, donc si vous souhaitez garder le maximum de surprise pour une lecture inédite et complète, je vous conseille de lire ces lignes dès que vous aurez terminé ce roman.
   Sinon je vais commencer par décrire le nouvel univers inventé ici. Nous nous retrouvons donc à Londres, l'auteure affectionne probablement cette ville, à Londres avec Liv. Ou plutôt Olivia Silver. Silver étant le nom de famille, et non pas le nom d'une secte mystérieuse et pleine de magie comme je l'ai pensé au premier abord (en même temps c'est le titre, je m'attendais à quelque chose de plus grandiose). Liv, 15 ans et sa soeur Mia, 13 ans on passé leur vie à déménager dans le monde entier "dans quatre continents différents" pour suivre leur mère, professeur de littérature reconnue qui enseigne donc dans plusieurs pays. Cette fois-ci cette dernière s'installe à Londre car elle a rencontré un homme, Ernest et elle est tombée follement amoureuse. Liv, Mia et Lottie, leur fille au pair vont donc débarquer dans une famille déjà composée d'Ernest et de Grayson et Florence, deux frères et soeurs jumeaux de 17 ans.
   Voilà donc la situation initiale. Patience, je vais venir à tout ce qui tourne autour des rêves, mais je voudrais juste rajouter quelque chose : dans son nouveau lycée, Liv fait la connaissance d'un groupe de quatre garçons (dont Grayson son nouveau "beau-frère?"), ils sont un peu les stars de l'école, tous beaux, intelligents (tout est relatif), pas besoin de vous faire de dessin. Lors d'une soirée, ces quatre garçons, en compagnie d'une petite-amie de ces derniers, Anabel, ont invoqué un démon
WHAT ? Oui c'était un peu ma réaction, mais vous savez les effets de l'alcool... Enfin bref, ces jeunes gens ont invoqué un démon, fait un serment, avec du sang et du latin, la totale, et ce démon leur offre des pouvoirs et une puissance inimaginable, de plus chaque adolescent a pu faire un voeu qui a été exaucé. En échange chacun à du mettre en gage ce qui leur était le plus cher. Pour que le rituel puisse s'accomplir, il fallait que au moins une personne des 5 présentes ait du sang vierge. Et ce n'est pas très facile de trouver quelqu'un de vierge de nos jours, heureusement Anabel était là.
   Où en étais-je ? Ah oui les rêves. Le pouvoir que leur offre le démon, le voici : s'introduire dans les rêves des autres. Dit comme ça c'est un peu bizarre, mais en réfléchissant ce n'est pas une mauvaise idée, les rêves sont en partie les reflets de nos désirs, nos peurs et nos secrets, une intimité illimitée, c'est donc un pouvoir que peut obtenir n'importe qui. 
   C'est ici qu'intervient Liv. Un soir, pendant qu'elle dort, elle apparaît dans le rêve que partage les quatre garçons et est en quelque sorte la clé de l'un de leurs rituels secrets. Mais comment Liv a-t-elle pu arriver dans leur rêve alors qu'elle n'a pas effectuer le rituel initial ? Très bonne question. Et je n'en ai pas la réponse. Alors soit ce n'est pas expliqué dans le premier livre, soit j'ai manqué quelque chose.
   C'est à partir de cette nuit-là que Liv sera propulsée dans les intrigues des garçons et des rêves, dans les mystères, et dans toute cette histoire qui a commencé un peu moins d'un an plus tôt.

   Je vous laisse le soin de découvrir par vous-même le fonctionnement des rêves et leur contenu, ce n'est pas forcément évident à saisir, mais l'auteure explique assez bien et simplement, comme je l'ai dis plus haut, des réponses sont apportées de temps à autre, mais parfois elles sont volontairement mystérieuses et incomplètes, ce qui est plutôt frustrant, frustration évidemment ressentie par Liv.
   Toute l'intrigue du livre tourne autour des rêves, de l'existence ou non du démon en confrontant les évènements plus ou moins surnaturels au pragmatisme de Liv, mais l'intrigue évolue aussi d'un point de vue romantique et d'un point de vue scolaire avec l'environnement du lycée et son blog à potin, qui occupe une place intéressante dans ce livre.

   Je pense en avoir dit assez sur l'intrigue et j'espère avoir éclairé votre lanterne pour bien démarrer votre lecture. Je vais donc parler un peu de Liv et très rapidement des autres personnes, j'aurai tout le loisir de les détailler dans des chroniques ultérieures.
   Olivia donc n'a que 15 ans mais pourtant elle est très courageuse. Je ne dirai pas qu'elle n'a peur de rien car ce n'est pas le cas mais ça s'en rapproche, elle fonce un peu tête baissée dans cette histoire de démons, armée de sa logique et de sa raison, qui seront mises à rude épreuve. Malgré ses lunettes et les commentaires de Jasper, Liv est décrite comme mignonne, mais elle cache plus que ça : un total franc-parlé, elle dit ce qu'elle pense et tant pis si sa gêne, elle est maligne et intelligente et elle pratique le Kung-Fu. En fait elle nous rabâche pendant 300 pages qu'elle fait du Kung-Fu mais nous n'avons qu'une seule démonstration de ses talents ! JE DEMANDE A ETRE REMBOURSE. J'applaudis également la référence directe à Taylor Swift. 
   Quant aux autres personnes, il y a tout d'abord la mère de Liv, tête en l'air, un peu insouciante et amoureuse, sa petite soeur Mia qui a tout d'une détective, sa nounou Lottie (qui n'a pas 80 ans comme je me l'imaginais lors de ma lecture du livre), Ernest et ses oreilles d'éléphants, Florence qui est une vraie peste hypocrite. Quant aux garçons, Henry, Jasper, Arthur et Grayson, ils sont tous différents l'une de l'autre mais unis par quelque chose d'autre qu'un pacte de sang et un rituel. Je parle bien sûr d'une amitié indéfectible et d'une grande loyauté, même quand le pire arrive. Et il y Anabel que je n'ai jamais pu me sentir, ne me demandez pas pourquoi, même si elle est jolie, gentille, parfaite, blabla. Mention spéciale à Jasper qui apporte un grain d'humour et de folie au livre, et Henry qui est un tout petit coup de coeur. 
   Je voulais également dire un mot sur une pratique de l'auteure : ses personnages féminins, Liv et Gwen sont un peu trop dans l'ombre. Autrement dit, lors d'une conversation à plusieurs, elles font peu souvent faire valoir leur point de vue, même quand on parle d'elles, elles sont passives, faute de meilleurs termes. Certains moment m'auraient fait bondir à la place de Liv, mais elle ne disait rien ou presque. Je trouve que dans les dialogue, le personne n'est pas assez mis en avant, heureusement qu'elle se rattrape dans les descriptions des pensées, dans les rêves, et dans ses petites vengeances mesquines, notamment avec Grayson.

   Enfin bref, je conseille vivement ce livre, la plume de Kerstin Gier est toujours aussi fluide, légère et rafraîchissante, un livre qu'on lit très rapidement, très agréable, un livre enveloppé de mystère et qui nous offre un fin avec autant de questions que nous en avions au début de ce premier tome. À lire !

samedi 5 septembre 2015

L'Année Solitaire

Auteur : Alice Oseman

Sortie : 2015

Note : 4/5


Résumé : On est censés vivre la plus belle période de notre vie. 
On est jeunes, on est en train de décider de notre avenir (c'est en tout cas ce qu'on nous répète), on a des amis. Mais en fait, tous, on attend que quelque chose change. Becky, ma meilleure amie avec qui je rigole de moins en moins. Lucas, qui réapparaît dans ma vie après toutes ces années. Mon frère Charlie, la plus belle personne que je connaisse. Michael Holden, avec son sourire trop grand. Et moi, la fille la plus misanthrope et pessimiste du lycée. 
On attend tous que quelque chose change.


Mon avis : Mesdames, messieurs, avant toutes choses, bonne rentrée ! (pour ceux qui rentrent évidemment). Mais passons aux choses sérieuses. En cette période de rentrée scolaire, j'ai décidé qu'on s'attarderait sur un livre qui prend place dans un lycée. Non en fait c'était un total hasard si je l'ai acheté étant donné que nos chemins se sont croisés au supermarché et il m'a fait de l'oeil. J'avais environ 1 minute pour décider de l'acheter ou pas, la couverture est assez banale, rien de spécial hormis un flocon qui diffère des autres, un peu comme l'héroïne qui est à côté de la plaque dans l'environnement de son lycée. J'ai donc lu la 4ème de couverture. J'ai totalement accroché. Je l'ai acheté. J'ai adoré.
   L'Année Solitaire est un roman difficile. Pas dans le sens où il y a des drames et des cancers et des trucs à la John Green. Non, c'est un roman difficile et un peu épineux dans la mesure où l'auteure traite des sujets d'adolescents. En fait elle les passent tous en revu un à un par les yeux de son personnage vraiment hors du commun.
   Je vais changer mes petites habitudes et je vais directement parler du personnage principal de ce roman car je ne peux rien aborder sans préalablement la détailler. Tori est une jeune adolescente de 16 ou 17 ans (je ne sais plus) et c'est le personnage le plus misanthrope, pessimiste, négatif, renfermé, solitaire que j'ai jamais rencontré de ma vie. Bien sûr elle ne détrône pas le grand Docteur House mais c'est pas loin. La plus grande force de ce roman, c'est ce personnage. Simplement parce qu'on s'identifie à elle. Mais je ne pense pas que beaucoup d'entre vous voyez le monde aussi noir qu'elle le fait, pourtant il y en a, et moi je me suis fortement identifié à cette fille. La jeune Tori représente une catégorie d'adolescents oubliés, mis de côtés, stéréotypés par la société comme asociales, accros aux technologies, solitaires, différents, ceux qui ne feront pas grand chose de leur vie, les gens qu'on évite. De tous les livres que j'ai lu, aucun auteur n'a jamais écrit sur cette catégorie de jeunes qui est certes restreinte, mais qui existe bel et bien. Et bien Oseman l'a fait.
    Pour vous parler de ces gens je vais vous parler de Tori. Tori déteste globalement tout. Elle blogue beaucoup, elle passe son temps sur son ordinateur, elle n'a que peu d'amis, elle est vraiment nulle en relation sociale, elle déteste les conversations, les adultes, les situations compliquées... Franchement, j'avais jamais vu un tel personnage jusqu'à ce que je me rende compte qu'elle était tellement différente et pourtant tellement semblables à tous les adolescents. Tori vit dans son petit monde de déprime, un monde gris, on ne sait pas trop si elle veut s'en sortir ou non, si elle a un but ou pas, on ne sait même pas si elle va effectivement s'en sortir, et je vous jure qu'à certains moments j'avais envie de la secouer voire de lui en coller une parce que ce n'est pas possible ni acceptable de se laisser aller comme ça. Quand on lit ce genre de livre, quand on est un ado, on se dit qu'on ne peut pas devenir comme ça, ça pousse à la réflexion et on se reprend en main. J'ai adoré.
   Mais Tori n'a pas que des défauts, malgré sa flemme caractéristique, elle va se surprendre elle-même à apprécier des gens, elle a une répartie que j'ai bien aimée, elle est assez protectrice envers ses petits-frères et elle n'est pas vraiment méchante, juste pessimiste.
   
  Voilà donc pour Tori. L'Année Solitaire est un roman d'adolescents donc il traite de sujets d'adolescents. On retrouve donc toutes les questions qu'un jeune se pose, des questions existentielles, d'avenir, l'adolescent remet tout en question, ses relations avec ses parents, ses amis, son travail scolaire, ses activités, il se demande tout le temps si ce qu'il fait est bien, il se demande ce qu'il doit faire, bref, l'ado se pose un tas de questions et tout cela est vu par Tori. Bien sûr on échappe pas à l'alcool, aux soirées, soirées que Tori déteste, comme certains d'entre nous, le roman parle des nouvelles technologies d'un point de vue toujours atypique et il aborde également l'homosexualité. En 2011, moins de 0,2 % (si je me souviens bien) des romans d'ados/jeunes-adultes contiennent un personnage gay, qu'il soit principal ou secondaire, je vous laisse donc imaginer ce chiffre pour un personnage principal seulement. Je trouve ça totalement honteux. On vit dans une société qui évolue mais qui reste ancrée dans ses traditions et ses tabous du style, pas de personnages gay dans la littérature. Des auteurs comme Cassandra Clare, John Green et ici Oseman font partis de ces auteurs qui brisent les règles et s'adressent à un public d'adolescent qui comprennent bien mieux que leur aînés que l'homosexualité est une normalité, qu'il y a encore des problèmes avec ça et qu'ils doivent être traités. L'auteure de l'Année Solitaire a choisit d'inventer un personnage gay pour que ces derniers soient mieux représentés et enfin décrits comme des gens totalement normaux et appréciables. Enfin c'est comme ça que je vois les choses. Évidemment, l'homosexualité de ce personnage, qui est un frère de Tori, a entraîné tout une suite d'évènement tels l'anorexie et des problèmes de comportement, des ascenseurs émotionnels en quelque sorte. L'auteure n'a placé aucun tabou ici, les auteurs modernes choisissent de placer ces petits messages, de parler de ces choses que personne avant eux n'avait fait. 

   Au lieu de parler de l'intrigue et des personnages je vais seulement faire le point sur l'auteure et son écriture. Oseman a 18 ans. Ce qui veut dire qu'elle a probablement écrit ce livre quand elle en avait 17. Je trouve ça impressionnant. Cette jeune fille n'a pas froid aux yeux pour ce lancer dans le monde acharné de la littérature, pour se battre pour ses idéaux et faire passer des messages à une catégorie d'adolescents laissés de côté. Elle nous voit et nous parle à travers un roman. Un roman qui contient probablement des expériences vécues par elle-même et je trouve ça formidable. Au final c'est l'un des buts premiers de la littérature.
   Quant à son écriture, pour une jeune fille de 18 ans, c'est plutôt remarquable. Des descriptions suffisantes, des dialogues parfois drôles, souvent sérieux, une répartie bien trouvée, des références amusantes. Parfois des retranscriptions de questions qu'on se pose tous, il n'y pas de longs paragraphes ennuyeux, juste ce qu'il faut avec une légèreté et une fluidité qui rend la lecture rapide et agréable.
  
   C'est tout. Je m'adresse ici aux autres adolescents, lisez ce livre, même si l'héroïne peut être énervante ou trop pessimiste pour vous. Pour les autres, lisez-le aussi, mais vous n'en tirerez peut-être pas les mêmes leçons que nous.