Auteur : Alice Oseman
Sortie : 2015
Note : 4/5
Résumé : On est censés vivre la plus belle période de notre vie.
On est jeunes, on est en train de décider de notre avenir (c'est en tout cas ce qu'on nous répète), on a des amis. Mais en fait, tous, on attend que quelque chose change. Becky, ma meilleure amie avec qui je rigole de moins en moins. Lucas, qui réapparaît dans ma vie après toutes ces années. Mon frère Charlie, la plus belle personne que je connaisse. Michael Holden, avec son sourire trop grand. Et moi, la fille la plus misanthrope et pessimiste du lycée. On attend tous que quelque chose change.
Mon avis : Mesdames, messieurs, avant toutes choses, bonne rentrée ! (pour ceux qui rentrent évidemment). Mais passons aux choses sérieuses. En cette période de rentrée scolaire, j'ai décidé qu'on s'attarderait sur un livre qui prend place dans un lycée. Non en fait c'était un total hasard si je l'ai acheté étant donné que nos chemins se sont croisés au supermarché et il m'a fait de l'oeil. J'avais environ 1 minute pour décider de l'acheter ou pas, la couverture est assez banale, rien de spécial hormis un flocon qui diffère des autres, un peu comme l'héroïne qui est à côté de la plaque dans l'environnement de son lycée. J'ai donc lu la 4ème de couverture. J'ai totalement accroché. Je l'ai acheté. J'ai adoré.
L'Année Solitaire est un roman difficile. Pas dans le sens où il y a des drames et des cancers et des trucs à la John Green. Non, c'est un roman difficile et un peu épineux dans la mesure où l'auteure traite des sujets d'adolescents. En fait elle les passent tous en revu un à un par les yeux de son personnage vraiment hors du commun.
Je vais changer mes petites habitudes et je vais directement parler du personnage principal de ce roman car je ne peux rien aborder sans préalablement la détailler. Tori est une jeune adolescente de 16 ou 17 ans (je ne sais plus) et c'est le personnage le plus misanthrope, pessimiste, négatif, renfermé, solitaire que j'ai jamais rencontré de ma vie. Bien sûr elle ne détrône pas le grand Docteur House mais c'est pas loin. La plus grande force de ce roman, c'est ce personnage. Simplement parce qu'on s'identifie à elle. Mais je ne pense pas que beaucoup d'entre vous voyez le monde aussi noir qu'elle le fait, pourtant il y en a, et moi je me suis fortement identifié à cette fille. La jeune Tori représente une catégorie d'adolescents oubliés, mis de côtés, stéréotypés par la société comme asociales, accros aux technologies, solitaires, différents, ceux qui ne feront pas grand chose de leur vie, les gens qu'on évite. De tous les livres que j'ai lu, aucun auteur n'a jamais écrit sur cette catégorie de jeunes qui est certes restreinte, mais qui existe bel et bien. Et bien Oseman l'a fait.
Pour vous parler de ces gens je vais vous parler de Tori. Tori déteste globalement tout. Elle blogue beaucoup, elle passe son temps sur son ordinateur, elle n'a que peu d'amis, elle est vraiment nulle en relation sociale, elle déteste les conversations, les adultes, les situations compliquées... Franchement, j'avais jamais vu un tel personnage jusqu'à ce que je me rende compte qu'elle était tellement différente et pourtant tellement semblables à tous les adolescents. Tori vit dans son petit monde de déprime, un monde gris, on ne sait pas trop si elle veut s'en sortir ou non, si elle a un but ou pas, on ne sait même pas si elle va effectivement s'en sortir, et je vous jure qu'à certains moments j'avais envie de la secouer voire de lui en coller une parce que ce n'est pas possible ni acceptable de se laisser aller comme ça. Quand on lit ce genre de livre, quand on est un ado, on se dit qu'on ne peut pas devenir comme ça, ça pousse à la réflexion et on se reprend en main. J'ai adoré.
Mais Tori n'a pas que des défauts, malgré sa flemme caractéristique, elle va se surprendre elle-même à apprécier des gens, elle a une répartie que j'ai bien aimée, elle est assez protectrice envers ses petits-frères et elle n'est pas vraiment méchante, juste pessimiste.
Voilà donc pour Tori. L'Année Solitaire est un roman d'adolescents donc il traite de sujets d'adolescents. On retrouve donc toutes les questions qu'un jeune se pose, des questions existentielles, d'avenir, l'adolescent remet tout en question, ses relations avec ses parents, ses amis, son travail scolaire, ses activités, il se demande tout le temps si ce qu'il fait est bien, il se demande ce qu'il doit faire, bref, l'ado se pose un tas de questions et tout cela est vu par Tori. Bien sûr on échappe pas à l'alcool, aux soirées, soirées que Tori déteste, comme certains d'entre nous, le roman parle des nouvelles technologies d'un point de vue toujours atypique et il aborde également l'homosexualité. En 2011, moins de 0,2 % (si je me souviens bien) des romans d'ados/jeunes-adultes contiennent un personnage gay, qu'il soit principal ou secondaire, je vous laisse donc imaginer ce chiffre pour un personnage principal seulement. Je trouve ça totalement honteux. On vit dans une société qui évolue mais qui reste ancrée dans ses traditions et ses tabous du style, pas de personnages gay dans la littérature. Des auteurs comme Cassandra Clare, John Green et ici Oseman font partis de ces auteurs qui brisent les règles et s'adressent à un public d'adolescent qui comprennent bien mieux que leur aînés que l'homosexualité est une normalité, qu'il y a encore des problèmes avec ça et qu'ils doivent être traités. L'auteure de l'Année Solitaire a choisit d'inventer un personnage gay pour que ces derniers soient mieux représentés et enfin décrits comme des gens totalement normaux et appréciables. Enfin c'est comme ça que je vois les choses. Évidemment, l'homosexualité de ce personnage, qui est un frère de Tori, a entraîné tout une suite d'évènement tels l'anorexie et des problèmes de comportement, des ascenseurs émotionnels en quelque sorte. L'auteure n'a placé aucun tabou ici, les auteurs modernes choisissent de placer ces petits messages, de parler de ces choses que personne avant eux n'avait fait.
Au lieu de parler de l'intrigue et des personnages je vais seulement faire le point sur l'auteure et son écriture. Oseman a 18 ans. Ce qui veut dire qu'elle a probablement écrit ce livre quand elle en avait 17. Je trouve ça impressionnant. Cette jeune fille n'a pas froid aux yeux pour ce lancer dans le monde acharné de la littérature, pour se battre pour ses idéaux et faire passer des messages à une catégorie d'adolescents laissés de côté. Elle nous voit et nous parle à travers un roman. Un roman qui contient probablement des expériences vécues par elle-même et je trouve ça formidable. Au final c'est l'un des buts premiers de la littérature.
Quant à son écriture, pour une jeune fille de 18 ans, c'est plutôt remarquable. Des descriptions suffisantes, des dialogues parfois drôles, souvent sérieux, une répartie bien trouvée, des références amusantes. Parfois des retranscriptions de questions qu'on se pose tous, il n'y pas de longs paragraphes ennuyeux, juste ce qu'il faut avec une légèreté et une fluidité qui rend la lecture rapide et agréable.
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